Quel remède pour aider à lutter contre l'explosion des primes ?

L'augmentation des coûts des soins de santé est une source d'inquiétude pour de nombreux Suisses.

C'est ce qui ressort du débat "dialogue" de la semaine dernière sur la question "Le bonheur en Suisse : réalité ou illusion ?" L'utilisateur de "dialogue" Martin Zürcher écrit qu'il existe en Suisse de nombreuses possibilités d'optimiser son bonheur et ses dépenses individuelles. À titre d'exemple, il cite, entre autres, le choix entre la télémédecine et le modèle du médecin généraliste, ainsi que le choix de la franchise. L'utilisateur Claus-Jürgen Hartmann ne partage pas cet avis. Le bonheur en Suisse est une illusion, dit-il. À la fin, il écrit : "Je ne veux pas m'étendre sur le système de soins de santé qui prévaut ici. Mais je n'ai jamais rencontré autant de personnes malades ou en mauvaise santé qu'ici en Suisse". Cela le rend triste, pas heureux.

Augmentation rapide au cours des dernières années

Les coûts élevés de la santé affectent-ils le bonheur en Suisse ? Sur la page SRF de la plateforme de médias sociaux Linkedin, l'utilisatrice Heidi Kübler, infirmière diplômée, a déclaré qu'elle était elle aussi très préoccupée par l'explosion des coûts du système de santé. Selon elle, les contrôleurs et l'administration sont le vrai problème. Ils imposent de plus en plus d'exigences, dit-elle. Dans le même temps, la qualité souhaitée des soins infirmiers diminue de plus en plus.

Ces jours-ci, les compagnies d'assurance maladie ont annoncé qu'elles s'attendaient à une "hausse des primes" de 8 à 9 % pour l'année à venir. Les primes d'assurance maladie actuelles ne couvriraient plus les dépenses liées aux médicaments, aux traitements hospitaliers et aux visites chez le médecin. Cette évolution est observée depuis des années. Comme l'écrit l'Office fédéral de la statistique, en 2001, les soins de santé ont coûté 523 francs suisses par mois et par habitant. En 2011, les primes s'élevaient déjà à 673 francs suisses et en 2021, les soins de santé coûteront 827 francs suisses par personne et par mois.

Un sujet important de la campagne électorale

Selon le grand sondage d'opinion réalisé par l'Institut gfs.berne pour le compte de la Société suisse de radiodiffusion (SSR), l'augmentation des coûts de la santé est l'une des principales préoccupations de la population. 84 % des plus de 57'000 personnes interrogées considèrent que ce sujet est très ou assez préoccupant.

Les coûts de l'assurance maladie sont devenus un sujet majeur de la campagne électorale. Les partis politiques proposent un large éventail de solutions, allant de l'abolition de l'assurance maladie obligatoire à sa subordination au revenu disponible. L'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss (Parti social-démocrate), sous l'égide de laquelle la loi fédérale sur l'assurance maladie est entrée en vigueur en 1994, est également intervenue dans le débat. Elle a déclaré au Matin Dimanche : "Il n'y a pas de pilote dans l'avion. Ou plutôt, il y a trop de pilotes, tous orientés dans des directions différentes. Le résultat est que l'avion ne vole pas très droit. Il ne s'écrase pas, mais trop de passagers sont très secoués".

Cela montre que l'imminence de l'épée de damoclès des primes suscite des froncements de sourcils sur tous les fronts. Toutefois, le remède adéquat est encore en cours d'élaboration.

Les coûts de la santé : Le système est-il cassé ? Participez à ce débat sur le "dialogue" !

Hausse des primes, quelle remède?

Les compagnies d'assurance maladie veulent augmenter leur prime de 8 à 9%

Les compagnies d'assurance maladie exigent une augmentation des primes de 8 à 9% l'année prochaine. Le ministre de la santé, Alain Berset, souhaite toutefois éviter une telle augmentation massive à la dernière minute.

Julien Furrer

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"Oui, c'est vraiment beaucoup", déclare Verena Nold, directrice de l'association des assureurs-maladie santésuisse, dans l'émission "Samstagsrundschau" de la SRF. Mais une augmentation de 8 à 9% est nécessaire pour couvrir les coûts, selon elle. Les primes ne couvriraient plus les dépenses liées aux médicaments, aux soins hospitaliers, aux visites chez le médecin, etc. Cette année en particulier, les coûts ont augmenté massivement et au-delà de la moyenne.

Une augmentation de 8 à 9% se traduirait par des dépenses supplémentaires de 1000 francs suisses par an pour une famille de quatre personnes appartenant à la classe moyenne suisse. Selon Mme Nold, il n'y a plus de marge de manœuvre dans les réserves des caisses d'assurance maladie : Celles-ci ne suffiraient à couvrir toutes les dépenses que pendant deux mois et demi. Sans cette augmentation, a-t-elle dit, il n'y a pas de solution : "Si nous ne réglons pas ce problème maintenant, il nous rattrapera l'année prochaine."

Toutefois, l'Office fédéral de la santé publique du président Alain Berset n'a pas encore approuvé l'augmentation des primes. Environ quatre semaines avant la décision finale, un bras de fer s'engage en coulisses entre les autorités et les compagnies d'assurance : "L'Office fédéral nous a demandé de calculer plus serré", explique Verena Nold. Mais il n'y a plus de marge de manœuvre. Elle espère que le ministre de la santé, M. Berset, ne fera pas baisser artificiellement les primes d'assurance maladie.

Pression sur les assurés avec le libre choix du médecin

Pour lutter contre l'augmentation des coûts, les compagnies d'assurance maladie ciblent désormais les clients qui peuvent choisir librement leur médecin. À l'avenir, le modèle du médecin de famille ou de la télémédecine devrait devenir la norme pour les compagnies d'assurance maladie. Il s'agit de modèles dans lesquels les assurés doivent toujours consulter d'abord leur médecin de premier recours - ou consulter une ligne d'assistance téléphonique. Selon la proposition de santésuisse, le libre choix du médecin en tant que modèle devrait être payant à l'avenir. Plus de deux millions de personnes sont encore assurées avec le libre choix du médecin. "Ils pourraient continuer à choisir librement à l'avenir, mais ils doivent simplement savoir qu'il y a un prix à payer", déclare Verena Nold.

Les primes pourraient augmenter de 9%

Soins de santé : l'idée d'une caisse unique d'assurance maladie séduit

L'hypothèse d'une caisse unique est approuvée par 79% des personnes interrogées dans le cadre d'une enquête réalisée ces derniers jours par Watson.

Une grande partie de la population serait favorable à une caisse unique d'assurance maladie. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par le journal en ligne Watson auprès de près de 9'200 personnes en Suisse alémanique et en Suisse romande entre le 29 août et le premier septembre

En fait, 79 % des personnes interrogées sont favorables à cette hypothèse, même parmi celles qui sont proches du centre-droit. Un chiffre aux antipodes de ce qui est sorti des urnes sur la question par le passé : en effet, l'idée d'un fonds unique a été rejetée par 71,2 % des électeurs en 2007 et 61,9 % en 2014.

La majorité des personnes interrogées voient d'un bon œil aussi bien l'idée de rendre les primes proportionnelles au revenu (63 %) que l'introduction d'un plafond de primes égal à 10% du revenu d'un ménage (69 %) : l'initiative du PS qui pourrait être soumise au peuple au printemps 2024 va dans ce dernier sens.

Enfin, le même sondage montre que 77 % des personnes interrogées demandent le maintien de l'assurance maladie obligatoire.

Malgré les résultats clairs de ce sondage, il n'est pas certain que la caisse unique obtienne une majorité dans les urnes si une votation populaire devait se tenir. Avant la votation de 2014, la tendance était également au oui. Mais au final, le rejet a été relativement net, avec 61,9 % des voix.

Caisse unique d'assurance maladie

Le système de santé est-il cassé?

"Le politique semble avoir démissionné sur les sujets liés à la santé", déplore Thomas Boyer

Les coûts de la santé et la hausse annoncée des primes d'assurance maladie cet automne étaient au coeur des débats lors d'une session des chambres fédérales fin mai 2023. Interrogé dans le 19h30, le directeur du Groupe Mutuel Thomas Boyer avait estimé que le Parlement ne faisait pas assez pour limiter cette ascension fulgurante.

Le 31 mai, le Conseil national a débattu des dépenses dans le domaine de la santé en abordant notamment la question du Tarmed, la grille tarifaire des prestations médicales dans les cabinets médicaux et dans les hôpitaux.

Mais alors que les coûts de la santé ont déjà augmenté de plus de 7% durant les premiers mois de 2023, selon Santésuisse, l'association des assureurs maladie, le monde politique semble démuni.

Même le président de la Confédération Alain Berset s'est montré dérouté fin mai lors d'une intervention dans le 19h30 de la RTS. "Nous avons fait avec le Conseil fédéral tout ce qu'il était possible de faire en régie propre. Nous avons besoin de soutiens forts du Parlement pour faire passer des projets de meilleure maîtrise des coûts et ce n'est pas très très simple."

Au Parlement, les réformes sont balayées, à l’image du prix de référence des médicaments génériques, ou aboutissent aux forceps dans une version édulcorée. Exemple le 30 mai 2023 au Conseil des Etats avec la réduction de la charge des primes d'assurance maladie. Les sénateurs ont d'abord refusé le texte avant de finalement l'adopter. Josef Dittli, conseiller aux Etats PLR/UR, a avoué que la crainte de voir l'initiative du PS "Maximum 10% du revenu pour les primes" passer en votation populaire l'a emporté. "Nous devons accepter ce contre-projet, et ne pas jouer à la roulette russe. Cela pourrait conduire à un oui à l'initiative et là ce serait la catastrophe."

De son côté, le directeur de l'assureur-maladie Groupe Mutuel Thomas Boyer considère que le Parlement n'en fait pas assez pour résoudre le problème. "Globalement, j'ai l'impression qu'il y a une forme de démission du politique sur les sujets liés à la santé. Sur les neuf thèmes liés à la santé dans l'ordre du jour de la session d'été de mai, six se rapportent au financement et à la transparence, deux visent à alourdir le catalogue des prestations et un seul sujet porte sur la maîtrise des coûts", relève-t-il dans le 19h30.

S'il sait bien qu'il est important de traiter du financement car il pèse lourd sur le budget des ménages, il assure aussi qu'il faut prendre le problème à la racine. "Il faut donc traiter des coûts. Et je pense que le Parlement ne va pas assez vite, au vu du rythme de l'augmentation des coûts."

Le directeur du groupe Mutuel "rejoint" Alain Berset sur cette "paralysie du Parlement causée par les lobbys". "Le principal lobby du Parlement aujourd'hui, ce sont les cantons", affirme-t-il.

Il faut régler les problèmes d'évolution des coûts de la santé. Il y a une vraie urgence

"En tout cas, ils sont dans un position qui relève du conflit d'intérêt: ils sont propriétaires d'hôpitaux, ils ont donc tout intérêt à veiller à leur rentabilité. Mais en même temps ils définissent les tarifs qui vont être remboursés sur les factures. Sur plusieurs sujets, les hôpitaux freinent. Ils ont édulcoré le projet sur le financement des primes et ça fait 13 ans que le financement des prestations ambulatoires traîne au Parlement car les cantons ne veulent pas prendre en charge une partie de la facture."

Enfin, le directeur insiste: "il faut régler les problèmes d'évolution des coûts de la santé. Il y a une vraie urgence".

"Démission" du politique dans la santé?

Les partis multiplient les propositions pour faire baisser les primes maladie

A l’approche des élections fédérales et à quelques jours de l'annonce de la hausse des primes, les propositions fusent pour réformer, voire défaire complètement le système de santé suisse. Petit florilège des pistes évoquées par les différents partis.

Pour réduire les coûts, le PLR a proposé en mai dernier de limiter les prestations mises à disposition par l'assurance maladie. Le parti évoque ainsi une assurance "low cost". L'idée: remplacer l'actuel système à prime fixe, donnant droit à l'assuré "de tout consommer", par un menu "à la carte".

Une baisse des tarifs médicaux est également évoquée avec le remplacement de tarmed par un tardoc.

La gauche a de son côté remis sur la table son projet de caisse maladie publique. Un projet qui avait déjà été rejeté à deux reprises par le peuple. Enfin, il y a l'initiative populaire du Centre pour un frein aux coûts. Cette dernière exige que le Conseil fédéral, l'Assemblée fédérale et les cantons interviennent lorsque les coûts de la santé augmentent trop fortement par rapport à l'évolution des salaires.

D'autres propositions visent à répartir différemment les coûts de la santé avec un objectif constant: faire baisser les primes des assurés. Ainsi, l'Union syndicale suisse réclame une augmentation des subsides cantonaux. La Fédération romande des consommateurs (FRC) demande de son côté un gel des primes d'assurance maladie.

Proposition choc de l'UDC Nathalie Rickli

Il y a également l'initiative du Parti socialiste qui demande qu'aucun assuré ne doive payer plus de 10% de son revenu disponible pour les primes d'assurance maladie.

La dernière proposition en date émane de l'UDC. La conseillère d'Etat zurichoise Nathalie Rickli propose de supprimer l'obligation de s'assurer. Une proposition choc qui remet en cause l'un des principes de base de la loi sur l'assurance maladie. En 1995, le plus grand parti de Suisse s'était déjà opposé à la loi fédérale sur l'assurance maladie (LAMal).

Comment faire baisser les primes maladie

Les coûts et les mesures en matière de soins de santé seront encore l'objet de vifs débats

Une commission du Conseil national demande que les assureurs de santé puissent accéder aux données médicales des assurés pour leur recommander des traitements personnalisés et moins coûteux

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Comment freiner l'augmentation des coûts des soins de santé ? Le Parlement présente une série de nouvelles propositions qui ne manqueront pas de susciter le débat. La dernière souhaite que les assureurs de santé puissent à l'avenir utiliser les données de leurs assurés pour les contacter directement et leur recommander des modèles de traitement personnalisés et moins coûteux. Le point de départ de ces propositions est le deuxième paquet de mesures de maîtrise des coûts présenté par le ministre de la santé Alain Berset, qui vise à éviter les prestations inutiles, à renforcer la collaboration entre les différentes professions, à limiter l'accès direct aux spécialistes et à empêcher les doubles consultations (c'est-à-dire le fait qu'un patient s'adresse à plusieurs médecins pour le même problème sans la coordination nécessaire).

Mais la majorité de la Commission de la santé du Conseil national ne veut pas aller dans cette direction et propose plutôt un certain nombre d'autres mesures. La plus controversée consiste à permettre aux assureurs de santé d'utiliser les données de leurs assurés pour leur fournir des informations personnalisées sur les économies possibles ou des modèles de traitement plus adaptés. Il peut s'agir d'un patient qui prend plusieurs médicaments, dont tous ne sont pas jugés appropriés. Pour la droite, il est dans l'intérêt du patient d'utiliser l'énorme quantité de données entre les mains des assureurs pour optimiser les soins, mais pour la gauche, cela donnerait trop de pouvoir aux compagnies d'assurance maladie qui ne sont pas des organisations médicales.

Les propositions de la Commission incluent également l'idée d'une réduction des primes pour les personnes qui s'engagent et restent avec le même assureur pendant plusieurs années, et le renforcement du rôle des pharmaciens en leur permettant de facturer à l'assurance de base davantage de services de conseil et de prévention, mais il reste à définir exactement lesquels et avec quelles implications en termes de coûts.

Une proposition controversée

Une politicienne veut mettre un terme au tourisme de santé

Les Suisses de l'étranger peuvent s'avérer coûteux pour la Suisse. S'ils tombent malades, ils retournent souvent dans le système de santé suisse. Les choses pourraient être faites différemment, affirme Elisabeth Schneider-Schneiter, politicienne et défenseuse des Suisses de l'étranger. Son idée est d'obtenir un large soutien au sein du Parlement.

La population suisse gémit sous le poids de la flambée des coûts de la santé. Selon une enquête d'opinion réalisée par Tamedia, il s'agit du problème majeur auquel les dirigeants du pays doivent s'attaquer. Pour Elisabeth Schneider-Schneiter, les Suisses de l'étranger doivent faire partie de la solution.  

Parmi eux se trouvent de nombreux retraités, qui ont souvent besoin de traitements coûteux. Les retraités résidant à l'étranger reviennent souvent en Suisse pour se faire soigner. Surtout si une intervention chirurgicale ou un traitement important est prévu.  

"Les Suisses de l'étranger s'inscrivent pour un semestre de résidence en Suisse et se font opérer ici à grands frais", explique Mme Schneider-Schneiter, "ce qui représente un véritable défi pour le système". La membre du Centre au Conseil des Etats siège également au conseil d'administration de l'Organisation des Suisses de l'étranger (OSE).  

Ce type de tourisme de santé pose un problème. Les patients bénéficient de services payés par les assureurs-maladie suisses, services auxquels - à première vue en tout cas - ils n'ont pas contribué.

Les personnes qui s'installent à l'étranger doivent quitter le système de santé suisse, avec ses droits et ses devoirs. Ils ne paient plus de primes d'assurance maladie, mais perdent le droit aux soins de santé en Suisse.

Or, il existe un moyen simple de contourner ce problème. S'ils reprennent leur résidence en Suisse, ils doivent commencer à payer les cotisations à l'assurance maladie - et ont ainsi droit à l'ensemble des soins de santé.

Il vous suffit de résider à nouveau en Suisse pendant une période minimale pour bénéficier à nouveau, sans frais, de l'un des systèmes de santé les plus chers et les plus performants au monde. Tout cela est tout à fait légal. La faute, s'il y en a une, réside dans le système lui-même.  

"Si une personne est traitée en Thaïlande, les coûts de traitement sont nettement inférieurs.

Il est difficile de déterminer la fréquence de ce phénomène. Il existe cependant des preuves que ce phénomène est en fait assez courant. La caisse d'assurance maladie suisse KPT, qui gère traditionnellement la plupart des besoins en assurance maladie des Suisses expatriés, ne constate pas de grande différence dans les coûts qu'elle doit assumer, que ses clients vivent dans des pays coûteux comme le Japon ou dans des pays où les soins de santé sont bon marché, comme la Tunisie ou le Brésil.

Cela suggère que les Suisses de l'étranger, qui vivent dans un pays où les soins de santé ne sont pas vraiment de première qualité, ont tendance à revenir en Suisse pour se faire soigner, comme l'a constaté SWI swissinfo.ch dans une enquête menée en 2019.  

Les discussions au sein de la communauté des Suisses de l'étranger indiquent clairement que le tourisme de santé est principalement pratiqué par les Suisses de Thaïlande et des Philippines.

Le problème ne semble se poser que lorsque le système d'assurance maladie du pays de résidence est si différent qu'il incite fortement au tourisme de santé vers le pays d'origine.

Ce n'est pas le cas dans les pays de l'UE et de l'AELE. La Thaïlande, en revanche, est un cas particulier, car elle exerce un fort attrait sur les retraités et les préretraités suisses, principalement des hommes. Le faible coût de la vie, le climat tropical et la facilité d'obtention de visas sont autant de facteurs qui jouent en sa faveur ; la prostitution très répandue constitue un autre attrait.

Pas moins de 6000 personnes âgées et préretraitées suisses vivent en Thaïlande. Nombre d'entre eux se sont heurtés à un problème imprévu depuis la pandémie.

Depuis décembre 2022, pour résider en Thaïlande, il faut être titulaire d'une police d'assurance maladie couvrant les frais de traitement jusqu'à 100'000 dollars (87'539 francs suisses). Lorsque le Covid-19 était à son apogée, le système de santé thaïlandais a été mis à rude épreuve et se retrouve aujourd'hui avec de nombreuses factures impayées.  

L'assurance maladie du secteur privé disponible en Thaïlande peut être assez chère pour les résidents étrangers de plus de 70 ans. Plus le client est âgé, plus les primes sont élevées. Une personne âgée de 80 ans pourrait payer jusqu'à 40'000 CHF (45 693 $) par an.  

Les retraités qui partent à l'étranger parce que leur budget ne permet pas de faire face au coût élevé de la vie en Suisse ne sont généralement pas en mesure d'absorber ces nouveaux coûts. S'il y a eu des antécédents de maladie, il se peut qu'ils ne puissent même pas bénéficier d'une assurance maladie.  

En Thaïlande, ces retraités à court d'argent ont désormais le choix entre continuer à résider illégalement sous le radar ou rentrer chez eux. Depuis un certain temps, la communauté suisse en Thaïlande fait pression au niveau politique pour qu'une solution soit trouvée.  

Mme Schneider-Schneiter s'est saisi de cette question en tant que membre du Conseil des Etats. Elle a proposé, dans le cadre d'une initiative parlementaire, que les Suisses de l'étranger aient la possibilité de conserver leur couverture d'assurance maladie de base suisse. Ce n'est certainement pas bon marché. Mais par rapport aux assureurs du secteur privé à l'étranger, elle a l'avantage de ne pas voir les primes augmenter avec l'âge de la personne.

Mme Schneider-Schneiter estime que le gouvernement devrait autoriser cette option, car elle trouve "révoltant qu'un citoyen suisse ait cotisé toute sa vie à l'assurance maladie de base et n'ait peut-être jamais bénéficié de prestations" avant de prendre sa retraite et de partir à l'étranger.

Son argument peut d'ailleurs être quantifié : Les retraités suisses en Thaïlande soulagent les assureurs-maladie suisses à hauteur de 250 millions de francs. Ce calcul a été effectué par Josef Schnyder, vice-président de la Swiss Society of Bangkok.

M. Schnyder note que les jeunes cotisants au régime d'assurance paient en réalité les soins de santé à l'avance, par une sorte de solidarité obligatoire avec les cotisants plus âgés. Ils paient des primes pour des services qu'ils ne consommeront pas ou qu'ils ne consommeront que lorsqu'ils seront âgés.  

Si une personne émigre avant l'âge de 60 ans - c'est-à-dire juste au moment où des frais de santé élevés commencent à être encourus - elle a payé toutes ses cotisations, mais ne recevra rien en retour. "En l'état actuel des choses, sur la base des données statistiques, l'assureur réalise un bénéfice de près de 42'500 CHF par assuré", conclut M. Schnyder. S'il y a 6000 retraités vivant en Thaïlande, cela représente 250 millions de francs suisses.

M. Schnyder évoque le cas de Suisses qui, pour des raisons de santé, ont dû quitter leur famille en Thaïlande pour rentrer en Suisse afin d'y être soignés. Il connaît des personnes qui ne peuvent plus obtenir de permis de séjour de longue durée parce qu'elles ne peuvent pas prouver qu'elles sont assurées.

En tant que membre du Conseil des Suisses de l'étranger, Mme Schneider-Schneiter est en contact étroit avec les Suisses de l'étranger. Toutefois, son initiative au Parlement vise principalement à réduire les coûts des soins de santé en Suisse. "Si les gens obtiennent leurs soins de santé en Thaïlande, ils coûteront beaucoup moins cher", souligne-t-elle.

Mme Schneider-Schneiter a réussi à convaincre les hommes politiques de tous les grands partis de sa position. Trente-cinq d'entre eux, dont certains chefs de parti, ont déjà soutenu son initiative. "Ils sont tous conscients que cela permettra de réduire la charge qui pèse sur le système de santé suisse", explique-t-elle.

Elle attend maintenant de voir comment le gouvernement répondra à sa proposition. Par ailleurs, il existe un autre argument de coût : si les Suisses âgés et appauvris qui vivent en Thaïlande doivent rentrer en Suisse, ils risquent de devenir une charge pour le système de protection sociale.

Leur retour entraîne donc des coûts supplémentaires non seulement pour le système de santé, mais aussi pour les contribuables suisses en général.  

Mise à jour : "Rater une belle occasion".

L'objectif du postulat signé par 35 parlementaires est le suivant : pour l'instant, leur demande se limite à un rapport qui montre comment il serait possible d'offrir aux Suisses de l'étranger la possibilité de conserver l'assurance maladie de base suisse.

Le gouvernement vient de publier sa déclaration à ce sujet. Il met l'accent sur deux principes. La première est que l'assurance maladie est basée sur la résidence. "En règle générale, les primes sont payées dans le pays où les services médicaux sont utilisés", écrit le gouvernement. Le deuxième principe est l'équilibre du budget annuel de la santé en Suisse. "Les primes d'une année doivent couvrir les coûts prévus pour la même année". Selon le gouvernement, le résultat de ces principes est qu'"il n'y a pas de compte individuel de santé". Dans sa réponse, le gouvernement mentionne l'assurance privée comme une option. Cependant, il ne répond pas à l'observation de Mme Schneider-Schneiter selon laquelle il est "difficile, voire impossible" d'obtenir une assurance privée.

Elisabeth Schneider-Schneiter est déçue. "Le gouvernement ne s'est pas attaqué aux vrais problèmes", dit-elle. "C'est manquer une grande opportunité pour une mesure simple qui constituerait une amélioration significative et aurait peu d'impact négatif sur le système de santé en termes de coûts." Dans sa réponse, le gouvernement se réfère à une interpellation au contenu similaire déposée en 2014. Depuis lors, rien n'a changé, dit-elle. "Le rapport demandé par le postulat n'est pas nécessaire à l'heure actuelle".

Hausse du tourisme de santé

Fonctionnement des systèmes de santé à l'étranger

Les systèmes de soins de santé varient d'un pays à l'autre, allant d'une caisse unique à l'absence totale de caisse.

Le séjour à l'hôpital après un accident, la visite habituelle chez le médecin de famille ou les médicaments contre la douleur - en Suisse, les gens paient rarement ces frais eux-mêmes et directement. Une grande partie est couverte par l'assurance maladie.

Dans les années 1990, la nouvelle loi sur l'assurance maladie promettait un système solidaire et des coûts bas. Toutefois, des critiques ont également été formulées à ce sujet. Le changement de système est toujours sujet à discussion.

Le Danemark : Dans le royaume scandinave, tout le monde est en principe couvert par le système public danois d'assurance maladie. Le système est très centralisé. Il n'existe qu'une seule compagnie d'assurance maladie gérée par l'État. Les prestations sont financées par l'impôt sur le revenu. Le Danemark se concentre en particulier sur les "super-hôpitaux" et la numérisation du système de soins de santé. Comme dans la plupart des pays, des polices d'assurance maladie privées peuvent être souscrites en plus des soins de santé de base fournis par l'État. Un peu moins de la moitié de la population bénéficie également d'une assurance privée.

L'Italie : Chez nos voisins du sud, un service national de santé a été créé en 1978. Le système est financé principalement par les taxes régionales. Les acteurs publics locaux sont responsables de l'organisation. Dans la plupart des cas, seuls des cabinets médicaux prédéterminés sont disponibles. Les médecins généralistes, les pédiatres et les urgences sont gratuits. Il existe une franchise pour les spécialistes. Les longs délais d'attente et les différences régionales dans la qualité des services font l'objet de critiques répétées.

L'Allemagne : Le système allemand est comparable à la Suisse à certains égards. Il existe un régime légal d'assurance maladie géré par une centaine de caisses d'assurance maladie. Ils sont organisés en sociétés de droit public et sont en concurrence les uns avec les autres. La plupart des assurés sont libres de choisir leur caisse d'assurance maladie. Outre les subventions fédérales basées sur les impôts et autres recettes, le système est financé par des cotisations, payées pour moitié par les salariés et pour moitié par les employeurs. Les cotisations dépendent du revenu (avec un plafond) et varient d'un fonds à l'autre. Contrairement à la Suisse, la région, l'âge ou un modèle d'assurance alternatif n'ont généralement pas d'influence sur les cotisations.

La France : Notre voisin de l'Ouest dispose également d'un système de santé basé sur l'assurance maladie obligatoire. Toutefois, il existe différents régimes d'assurance maladie pour les salariés, les agriculteurs, les travailleurs indépendants ou, par exemple, les fonctionnaires. Le système est financé par les impôts, les cotisations sociales et les contributions. Ces derniers dépendent du revenu (sans limite supérieure) et sont fixés par l'État. Actuellement, les cotisations sont principalement payées par les employeurs. En France, le médecin généraliste est généralement le premier interlocuteur.

Les Etats-Unis et le Royame-Uni : Le système de santé américain est le plus cher du monde. Des millions d'Américains n'ont pas les moyens de s'offrir une assurance maladie. Le contraste est saisissant avec le service national de santé britannique (NHS). Bien qu'il ait aussi ses particularités, il est plus populaire auprès de la population que le fish and chips ou le roi. Dans le podcast #SRFglobal (version courte), Matthias Kündig, ancien correspondant de SRF aux États-Unis, et Patrick Wülser, correspondant au Royaume-Uni, discutent des différences majeures entre les systèmes de santé.

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Les systèmes de santé à l'étranger

Répondez à nos questions

Réforme de l'assurance maladie : Curafutura compte sur Alain Berset 

Réforme de l'assurance maladie : Le président de l'association des assureurs maladie Curafutura compte sur Alain Berset.

Konrad Graber n'est président de Curafutura que depuis cent jours. Mais il a participé à la création de Curafutura dès le début. Le conseiller d'Etat lucernois de l'époque siège au conseil d'administration de la CSS qui, avec Helsana, Sanitas et KPT, s'est séparée de l'organisation faîtière santésuisse. Cette mesure était nécessaire et correcte, le constate rétrospectivement Konrad Graber.

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En effet, ces dernières années, Curafutura a pu donner d'importantes impulsions à la politique de santé. "Je pense que c'est plus facile quand il n'y a que quatre membres. Vous pouvez évoquer des idées telles que le financement unifié. Vous ne vous contentez pas de donner des avis, vous pouvez également apporter une ou deux contributions. Le Tardoc était un problème majeur dans ce domaine".

Toutefois, il est clair que, qu'il s'agisse de la conception du tarif des médecins Tardoc, du financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières ou de l'utilisation accrue des génériques, ce sont les politiciens qui doivent en fin de compte fixer le cap et prendre les décisions.

Le président de Curafutura, Konrad Graber, espère que le ministre de la santé Alain Berset fera un dernier effort dans ces dossiers durant les quatre mois qui lui restent au Conseil fédéral. "Si cela n'aboutit pas, nous partirons pratiquement de zéro en termes de réforme. Un nouveau conseiller fédéral devra s'y familiariser. Il faut deux à trois ans pour que quelque chose soit prêt à être réalisé.

On dit que la concurrence stimule les affaires, mais ici, elle a plutôt bloqué les affaires.

La politique décide, mais les assureurs maladie apportent des idées novatrices, telle est la devise de Curafutura. Michael Jordi, secrétaire général de la Conférence suisse des directeurs de la santé, doute que l'organisation faîtière soit toujours à la hauteur de cette affirmation. "Au début, il y avait une certaine envie de fonder. Plus guère. Jusqu'à présent, je n'ai pas ressenti les avantages de la concurrence. On dit que la concurrence stimule les affaires, mais ici, elle a plutôt freiné les affaires".

Par exemple, les tarifs des cabinets médicaux et des services ambulatoires des hôpitaux devraient souvent être négociés deux fois. Michael Jordi regrette que les assureurs maladie soient divisés en deux associations, santésuisse et Curafutura. Il voit surtout des inconvénients à cette scission. "La scission a rendu la vie plus difficile et plus compliquée pour tous les acteurs du monde de la santé : pour nous, les cantons, pour le gouvernement fédéral, pour les politiciens sous la coupole fédérale et pour les prestataires de soins de santé. Mais aussi pour les assureurs maladie eux-mêmes".

Cela s'explique par le fait que les négociations collectives sont plus bureaucratiques et que les litiges sont plus nombreux en raison de la scission, a-t-il déclaré. Konrad Graber, qui a eu 65 ans mais n'a repris que récemment la présidence de Curafutura, voit naturellement les choses différemment. Il croit en la force d'innovation de son association, mais ne souhaite pas pour l'instant une fusion avec santésuisse.

Il me semble essentiel que nous travaillions ensemble, que nous partagions la même opinion sur les questions essentielles.

Mais, dit-il, "ce qui me semble être au cœur de la coopération, c'est que les gens sont du même avis sur des questions essentielles. Nous pouvons encore améliorer ce point à l'avenir. L'un des avantages est que les deux présidents se connaissent bien en raison de leurs activités politiques antérieures, et j'en espère beaucoup".

Konrad Graber, président de Curafutura, et Martin Landolt, président de santésuisse, sont tous deux des parlementaires expérimentés et membres du Centre. Les deux hommes prévoient de se rencontrer en novembre pour discuter des grandes questions auxquelles les soins de santé seront confrontés à l'avenir.

Les caisses renvoient la balle à Berne

Ruth Dreifuss critique sur les développements de LAMal

L'ancienne conseillère fédérale, qui a introduit la loi en 1994, critique la manière dont elle a été gérée après presque 30 ans et les promesses non tenues des cantons.

L'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss déplore l'évolution de la LAMal, introduite en 1994 lorsqu'elle dirigeait le Département fédéral de l'intérieur. "Cela fait 30 ans que nous le rabâchons et nous continuons à le faire", souligne Mme Dreifuss. "Lorsque nous avons gagné le vote, j'ai dit à mes collaborateurs qu'il fallait commencer à réviser la loi, parce qu'elle avait des défauts qui devaient être corrigés progressivement", a-t-elle déclaré dans une interview publiée dans le Matin Dimanche. "Mais le terrain n'a jamais été vraiment nivelé.

Pendant 30 ans, nous avons improvisé et nous continuons à le faire. Il s'agit d'une série de tentatives", poursuit l'ancienne ministre genevoise, qui regrette le peu de moyens dont dispose l'Etat pour intervenir. "Il n'y a pas de pilote dans l'avion. Ou plutôt, il y a trop de conducteurs et ils tirent tous dans des directions différentes. Par conséquent, l'avion ne vole pas très droit. Il ne s'écrasera pas, mais trop de passagers restent très secoués".

L'ancienne conseillère fédérale souligne une promesse non tenue : les subventions devaient suivre l'évolution des coûts des soins de santé, avec un partage des coûts entre la Confédération et les cantons. "Le gouvernement fédéral a tenu sa promesse, mais de nombreux cantons ne l'ont pas fait", explique-t-elle. Un article de Tamedia a même montré que dix cantons ont réduit leurs subventions entre 2012 et 2022.

L'ancienne ministre socialiste rejette catégoriquement la proposition de la députée UDC Natalie Rickli de supprimer l'assurance obligatoire. Selon elle, il s'agit d'une attaque contre le principe de solidarité et contre les personnes de la classe moyenne qui n'ont pas les moyens de s'assurer volontairement. "Il faut se rappeler qu'avant la LAMal, il n'y avait pas de solidarité entre les malades et les bien-portants, ni entre les jeunes et les vieux", souligne Ruth Dreifuss, 83 ans, qui conclut : "Je ne suis pas complètement désespérée : certaines propositions existantes ont du sens", ajoute-t-elle toutefois en citant en exemple l'assurance maladie publique que le PS voudrait mettre en place. Celle-ci doit cependant être unique : "Sinon, elle devra s'aligner sur la concurrence".

Evolution de la LAMal

L'augmentation des primes d'assurance maladie est un défi politique. En 2023, celles-ci pourraient augmenter de 9% en moyenne - contre 6,6 % l'année précédente.

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