Foire d’empoigne autour des parcs solaires dans les Alpes

Construire de grands parcs solaires en montagne pourrait être un bon moyen de produire davantage d’électricité en hiver, tout en accélérant la transition énergétique. Mais des organisations de défense de la nature s’opposent frontalement à de tels projets. 

Dimanche, la population valaisanne a rejeté à 54% un décret permettant d’accélérer les procédures d’autorisation de grands projets solaires alpins. Le décret, déjà entré en vigueur en février dernier, est abrogé avec effet immédiat. Les projets solaires alpins déjà annoncés dans le canton pourront se concrétiser mais en suivant une procédure standard.

On notera que le vote révèle une grande disparité entre francophones (Plus de 61% de non) et germanophones (près de 68% de oui).

Le décret devait servir de base d'application cantonale à la loi fédérale sur l'énergie, modifiée il y a un an en urgence. Baptisée Solar Express, celle-ci doit permettre d'augmenter rapidement la production d'électricité pendant l'hiver afin d'éviter une situation de pénurie.

Actuellement, la Suisse tire 6% de son électricité du soleil. Des études montrent que l'installation de panneaux solaires au sommet des Alpes suisses pourrait produire au moins 16 térawattheures (TWh) d'électricité par an, soit près de la moitié de l'énergie solaire que les autorités souhaitent produire annuellement d'ici à 2050. Des chiffres à prendre toutefois avec prudence, car ils se basent sur des projets dont les contours ne sont pas toujours précis et sur des rendements hypothétiques.

Plusieurs projets de « fermes solaires » portés par des communes et des entreprises électriques existent déjà - huit pour le seul canton du Valais. Certains ont déjà obtenu le soutien de la population locale. Mais pour l’heure les grandes installations de ce type sont rares à avoir vu le jour, ralentis ou bloqués par les oppositions souvent portées par les défenseurs du paysage. En Valais, ONG engagées et Verts - soutenus par l’UDC du valais romand - ont lancé le référendum contre le décret rejeté dimanche. Ils reprochent à ces centrales solaires leur impact sur le paysage et la biodiversité et dénoncent le sacrifice de centaines d’hectares d’alpages.

Le problème, c’est qu’il y a urgence. A la suite de l’adoption de la loi sur le climat, transports, chauffage et industrie devront être électrifiés d'ici 2050. Selon l'Association des entreprises électriques suisses (AES), les centrales nucléaires devant être mises hors service au même moment, il pourrait en résulter une pénurie d'électricité pouvant atteindre 37 TWh, soit autant que la production hydroélectrique de la Suisse. En clair, l'efficacité énergétique doit être améliorée et la Suisse doit produire plus d'énergie, surtout en hiver.

Les écologistes engagés contre ce type de projet affirment qu’ils ne s'opposent pas à une offensive solaire, qu'ils jugent d'ailleurs "nécessaire", mais celle-ci ne doit pas se faire au détriment des espaces alpins sauvages.

Les protecteurs de la nature veulent privilégier des projets sur des constructions existantes, telles que murs de barrages, pare-avalanches, lacs d'accumulation, remontées mécaniques ou encore infrastructures routières. Des sites qui représentent selon eux "un potentiel gigantesque encore largement sous-exploité".

Bataille autour des parcs solaires alpins

Produire de l'électricité au lieu de protéger la nature?

Comment la Suisse peut-elle couvrir ses besoins en électricité à l'avenir et quelle superficie de zones naturelles devra-t-elle être sacrifiée pour y parvenir ? Les arguments pour et contre à l'aide de l'exemple du barrage du Grimsel.

Le barrage du Grimsel, dans l'Oberland bernois, est le lieu par excellence pour illustrer le débat sur l'avenir de l'énergie en Suisse. Il sera rehaussé de 23 mètres pour fournir encore plus d'électricité domestique en hiver. Mais le projet est controversé, tout comme d'autres grands projets grâce auxquels la Suisse souhaite réaliser sa transition énergétique. La question se pose: faut-il produire de l'électricité au lieu de protéger la nature et le paysage? Cette question, entre autres, a été posée à la présidente de Pro Natura et conseillère nationale socialiste Ursula Schneider Schüttel et au directeur des Forces motrices bernoises (BKW) Robert Itschner, tous deux réunis sur le barrage du Grimsel.

Didier Kottelat

https://pilot-prod-videos.s3.eu-west-1.amazonaws.com/fr/light-coffee-halibut_de_DEEPGRAM-WHISPER.vtt

La Suisse a besoin de plus d'électricité

Depuis le oui à la loi sur le climat, il est clair que la Suisse aura besoin de plus d'électricité d'ici à 2050, date à laquelle les transports, le chauffage et l'industrie devront être électrifiés. Selon l'Association des entreprises électriques suisses (AES), les centrales nucléaires devant être mises hors service au même moment, il pourrait en résulter une pénurie d'électricité pouvant atteindre 37 TWh, soit autant que la production hydroélectrique de la Suisse.

https://pilot-prod-videos.s3.eu-west-1.amazonaws.com/fr/continuous-apricot-minnow_de_DEEPGRAM-WHISPER.vtt

L'efficacité énergétique doit être améliorée et la Suisse doit produire davantage d'énergie, surtout en hiver. Le photovoltaïque fournit actuellement un peu moins de 4 TWh d'électricité. Selon la Confédération, ce chiffre devrait passer à 34 TWh d'ici 2050. La production d'hydroélectricité devrait passer de 37 TWh aujourd'hui à 39 TWh.

Cet objectif doit être atteint en accélérant les procédures pour les nouvelles constructions. Robert Itschner et Ursula Schneider Schüttel sont d'accord sur ce point. La présidente de Pro Natura souligne toutefois que les procédures fondées sur l'Etat de droit, telles qu'un bon examen des projets, doivent être garanties : "Une pesée des intérêts doit rester possible."

https://pilot-prod-videos.s3.eu-west-1.amazonaws.com/fr/perfect-puce-cephalopod_de_DEEPGRAM-WHISPER.vtt

Robert Itschner, président de la direction générale de FMB, explique la durée d'un processus en prenant l'exemple du rehaussement du barrage du Grimsel, encore au stade de projet et pas encore formellement décidé. Dans ce cas. de l'idée à la mise en service, il pourrait s'écouler 28 ans.

Pro Natura, avec d'autres organisations, s'est opposée à l'élévation du barrage jusqu'au Tribunal fédéral. Entre-temps, l'organisation de protection de la nature s'est fait une raison. Le fait que le rehaussement du barrage du Grimsel est l'un des 15 projets hydroélectriques approuvés lors de la "table ronde" organisée par l'ancienne conseillère fédérale Simonetta Sommaruga à la fin de l'année 2021 a aussi joué un rôle. "Nous ne sommes pas satisfaits du projet, mais nous ne nous y opposons plus", déclare Ursula Schneider Schüttel.

La Suisse réussira-t-elle le tournant énergétique ?

Le patron de BKW est optimiste car les défis peuvent être résolus grâce à la technologie.

mixed-coffee-goose

https://pilot-prod-videos.s3.eu-west-1.amazonaws.com/en/mixed-coffee-goose_de_DEEPGRAM-WHISPER.vtt

"Nous pouvons le faire si nous sommes rapides. Nous devons mettre le pied sur l'accélérateur et insuffler en Suisse un esprit de mise en œuvre et non pas de débat éternel", ajoute Robert Itschner.

Comment répondre aux besoins en électricité?

Produire de l'électricité ou protéger la nature?

L'agrivoltaïque séduit de plus en plus de producteurs et maraîchers suisses

En Suisse, l’"agrivoltaïque" commence à se développer. Le potentiel de production électrique de cette solution qui consiste à installer des panneaux solaires sur des parcelles cultivées ou des arbres fruitiers est important. Dans la campagne lucernoise, la première grande installation en Suisse de ce type vient d’être inaugurée.

Les panneaux solaires sont installés de façon à laisser passer suffisamment de lumière pour permettre la croissance des plantes. En plus de la production électrique, l'installation permet de tamiser les rayons du soleil et d'éviter aux plantes de souffrir.

"Quand il y a trop de soleil, la plante souffre. Ici, on a trouvé une solution qui facilite le travail, qui est bénéfique pour la plante et qui produit de l'électricité écologique. Que demander de plus?", a témoigné dans le 19h30 de la RTS un agriculteur de Gelfingen (LU) qui a installé des centaines de ces modules (soit 2600 m2) au-dessus de ses framboisiers.

Développée par Insolight, une entreprise vaudoise créée en 2015, la technologie agrivoltaïque pourrait accélérer le développement de l’électricité solaire. "Aujourd’hui, on est beaucoup trop lent dans le rythme de déploiement par rapport à la transition énergétique. Cette technologie est une nouvelle solution qui permet d’avoir des déploiements à grande échelle. Là, on parle de centrales qui sont dans les mégawatts. On pense que c'est très intéressant", détaille Laurent Coulot, directeur d'Insolight.

Autre avantage, d'après le directeur: les panneaux solaires sont une excellente solution en période de crise énergétique. "La préoccupation majeure des producteurs maraîchers est d'avoir un bon outil agricole et de pouvoir cultiver. Derrière, la possibilité de générer sa propre électricité est très intéressant, surtout en cette période de crise énergétique." A ses yeux, celle-ci a d'ailleurs été un vrai tremplin pour toutes les énergies solaires et renouvelables.

En Suisse, la loi autorise l'agrivoltaïque sur les cultures qui ont déjà besoin de protection contre le soleil ou la grêle, comme les framboises. Si toutes ces surfaces étaient recouvertes de panneaux solaires, la production électrique serait de deux à trois térawattheures, soit environ 3% de la consommation suisse, selon l'Office fédéral de l'énergie.

Il est en revanche interdit de poser des panneaux solaires sur les grandes cultures, une restriction nécessaire selon la faîtière des paysans. "Les cultures de pommes de terre ou de céréales nécessitent de grosses machines et ces plantes ont besoin de soleil. Les installations solaires actuelles limiteraient la production alimentaire. Conséquence: nous devrions importer moins d'électricité mais plus de denrées alimentaires", justifie Martin Rufer, directeur de l'Union suisse des paysans.

L'agrivoltaïque en plein essor

Répondez à nos questions

Et si l'eau des glaciers qui fondent pouvait servir la transition énergétique?

En Valais, plusieurs projets de nouveaux réservoirs sont en cours. L'un d'entre eux se trouve à Goms. Les associations de défense de l'environnement s'y opposent.

Agnes Wuthrich

https://pilot-prod-videos.s3.eu-west-1.amazonaws.com/fr/rural-gold-koi_de_DEEPGRAM-WHISPER.vtt

Le Valais doit devenir la "batterie des Alpes" au cours des prochaines années et permettre ainsi l'approvisionnement en électricité en hiver - selon les plans des autorités. Mais cela nécessitera, entre autres, la construction ou l'agrandissement des lacs de retenue.

Concrètement, de nombreux projets de barrages sont sur la table. Parmi eux un projet à Goms, élaboré en toute discrétion. 

L'entreprise énergétique Groupe E souhaite construire un barrage d'environ 120 mètres de haut et 300 mètres de long sous le glacier de Fiesch. Ce barrage devrait recueillir les masses d'eau du glacier qui fond de plus en plus vite et les transformer en électricité en hiver.

"Une centrale hydroélectrique avec un barrage est très facile à réaliser ici. L'eau s'écoule simplement dans le lac, sans nécessiter d'énergie pour les pompes", explique Frédéric Boden du Groupe E.

L'entreprise prévoit des coûts de construction de 500 millions de francs. Le réservoir pourrait permettre de produire 160 gigawattheures d'électricité supplémentaires en hiver. Cela équivaut à peu près à la consommation quotidienne de toute la Suisse.

La municipalité de Fieschertal soutient le projet. Le lac de retenu servirait à la fois de protection contre les inondations et de réservoir d'eau, explique le président de commune Peter Bähler.  "Aujourd'hui, l'eau s'écoule simplement, inutilement"

Aujourd'hui, l'eau s'écoule simplement, inutilement.

Le dossier "Barrage du glacier de Fiesch" n'est pas nouveau, il était déjà sur la table de l'ancienne conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Il figurait parmi 32 projets discutés par les cantons, le secteur de l'énergie et les associations de protection de l'environnement.

Dans un premier temps, le barrage du glacier de Fiesch n'a pas été retenu parmi les 15 projets prioritaires du gouvernement fédéral.

L'une des raisons en est la résistance prévisible qu'il génère: Les organisations de défense de l'environnement critiquent vivement les plans.

"Un barrage est une énorme intervention dans la nature. Il y a là un paysage glaciaire de grande valeur qui serait complètement inondé par la construction du barrage", déclare Christopher Bonzi, expert en eau du WWF.

Un barrage est une énorme intervention dans la nature.

La Fondation pour la protection du paysage s'oppose également au projet : Selon elle, la région Jungfrau-Aletsch pourrait perdre son statut de site du patrimoine mondial de l'Unesco à cause du nouveau barrage.

Les autorités valaisannes n'ont pas encore renoncé au projet. Dans une nouvelle tentative, le projet doit être inscrit dans le plan structurel cantonal, précise le canton.

Frédéric Boden, de l'entreprise énergétique Groupe E, espère également que le projet ne disparaîtra pas dans un tiroir. "Ce barrage devrait être là dans 20 ans", dit-il. Groupe E étudie actuellement la possibilité de commander une étude de faisabilité. Une chose est claire : il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant qu'un éventuel barrage ne soit construit au-dessus de Fiesch.

De l'électricité grâce à la fonte des glaciers

Où des éoliennes devraient-elle voir le jour en Suisse?

La Suisse aurait besoin d'environ 760 éoliennes pour opérer le virage énergétique. Un nombre plus réduit pourrait également suffire, mais il faudrait alors utiliser les terres agricoles les plus précieuses du pays, selon une nouvelle étude.

Les énergies renouvelables continuent à se développer. En 2022, les énergies solaire et éolienne ont produit 22% de l'électricité en Europe, dépassant pour la première fois la part du gaz fossile (20%). L'énergie éolienne représentait environ 17 % de la production d'électricité.

En Suisse aussi, l'énergie éolienne a également établi un nouveau record: la production d'électricité a augmenté de 5% par rapport à 2021, indique l'association professionnelle Suisse Eole. Cependant, le pays est encore loin de son objectif.

Actuellement, les 41 turbines existantes en Suisse produisent environ 0,15 térawattheure (TWh) par an, soit 0,3 % de l'électricité. Or, selon la stratégie énergétique 2050 du gouvernement, la production devra atteindre 4,3 TWh et fournir environ 7 % de l'électricité à cet horizon. Comment y parvenir?

Une étude de l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a conclu que la Suisse aurait besoin d'environ 760 éoliennes pour atteindre l'objectif de 2050. C'est presque vingt fois plus que le nombre actuel.

L'étude a également identifié les régions les plus propices à l’installation de turbines. Environ 300 installations seraient construites dans les montagnes du Valais et des Grisons, 260 dans les plaines du Plateau et le reste au pied des Alpes.

Pour leur analyse, les chercheuses et chercheurs de l'EPFZ se sont appuyés sur la législation en vigueur, qui interdit par exemple les éoliennes dans les forêts ou sur les surfaces d’assolement, comme sont appelées les bonnes terres cultivables pour l’agriculture. Ils ont également tenu compte du fait que les éoliennes situées en plaine peuvent être plus hautes et plus puissantes que celles situées en altitude.

Le nombre d'éoliennes pourrait également être réduit, selon l'étude. Cependant, cela nécessiterait d’assouplir les règles d'aménagement du territoire.

Ainsi, si les surfaces d'assolement particulièrement venteuses du Plateau pouvaient être utilisées, la Suisse n'aurait besoin que de quelque 460 installations, démontre la recherche. Ces terres représentent environ 40% de la surface agricole utile du pays.

En exploitant ces sols de haute qualité en plaine, «nous devrions construire nettement moins d'éoliennes dans la région alpine», déclare Adrienne Grêt-Regamex, professeure en aménagement du paysage et de l'environnement à l'EPFZ et coauteure de l'étude, dans un communiqué.

Les coûts de construction et d’exploitation des centrales éoliennes ont tendance à être plus élevés en montagne qu'en plaine, souligne-t-elle. De plus, «la population suisse trouve les éoliennes dans les paysages alpins préservés particulièrement dérangeantes», note Adrienne Grêt-Regamex.

Le monde agricole suisse accueille favorablement l'idée de produire de l'énergie éolienne sur des zones considérées comme cruciales pour la sécurité alimentaire.

«La pression sur ces zones clés est déjà très forte. Toutefois, comme l'énergie éolienne est un complément important au mix électrique et que les éoliennes n'occupent qu'une petite surface, certains projets pourraient être judicieux», écrit Hannah von Ballmoos-Hofer, responsable énergie et environnement à l'Union suisse des paysans (USP), dans un courriel adressé à swissinfo.ch. Chaque cas devra cependant être évalué individuellement, précise-t-elle.

«Les agriculteurs sont prêts à contribuer à la production d'énergie», affirme Hannah von Ballmoos-Hofer. En cas d'implantation d'un parc éolien sur leurs terres, ils devront toutefois recevoir une compensation appropriée, prévient cette dernière.

Si la population suisse souhaite qu'il y ait le moins de turbines possible, notamment dans les Alpes, il faudra construire de grandes installations visibles là où le vent est le plus fort, observe, pour sa part, Adrienne Grêt-Regamex. «En revanche, si nous donnons la priorité à la protection des surfaces d'assolement, nous n'aurons pas d'autre choix que de développer l’énergie éolienne dans les Alpes», ajoute-t-elle.

L'énergie éolienne se développe difficilement en Suisse. Par rapport à l'Allemagne voisine, par exemple, le pays ne dispose pas d'aussi vastes zones inhabitées et plates. De plus, la construction de parcs éoliens dans les Alpes est controversée, et les associations de protection de l'environnement et du paysage s'opposent aux projets dans les régions montagneuses préservées. Un point de vue également partagé par la majorité de la population suisse, selon un sondage réalisé en octobre 2022.

Néanmoins, à la suite des problèmes d'approvisionnement en électricité de l'année dernière, le monde politique suisse veut donner une impulsion décisive au développement de l'énergie éolienne. En mars, le Conseil national (Chambre basse du parlement) a décidé d'accélérer la construction de parcs éoliens, en limitant les possibilités de recours. Cela devrait permettre de construire assez rapidement environ 150 éoliennes et d'augmenter la production indigène d'électricité pendant l'hiver, lorsque le pays est dépendant des importations.

La transition énergétique grâce au vent

Projet géothermique, vive opposition à Delémont

Un millier de personnes manifestent dans la capitale jurassienne : "Un danger pour la population et l'environnement"

Un cercueil a traversé les rues de Delémont. Sur le cercueil, l'inscription "Démocratie refusée". Il y avait aussi des hommes vêtus de noir parmi le millier de manifestants qui ont protesté dans le chef-lieu du canton du Jura contre le projet de géothermie profonde dans la commune voisine de Haute-Sorne.

Depuis des mois, la tension monte autour de ce dossier et, début septembre, c'est l'association Citoyens responsables Jura (CRJ) qui a demandé à cor et à cri au gouvernement et au parlement de renoncer à ce projet, considéré comme "un danger pour la population et l'environnement". Les opposants critiquent également le fait que la population n'ait jamais été consultée. D'où les slogans scandés lors de la procession.

Le projet contesté vise à extraire de l'énergie, par stimulation hydraulique, à l'aide d'un échangeur de chaleur placé entre 4 000 et 5 000 mètres de profondeur. La centrale devrait fournir de l'électricité à environ 6 000 ménages. Jusqu'à présent, seule la phase exploratoire a été autorisée, qui sera suivie d'une nouvelle décision cantonale.

La sensibilité à l'égard des forages souterrains est particulièrement élevée dans la région. Nombreux sont ceux qui se souviennent encore de l'abandon, en 2006, du projet Deep Heat Mining dans la ville de Bâle, pas si lointaine, après que des travaux de forage ont provoqué des secousses de 2,5 à 3,5 sur l'échelle de Richter dans la cité rhénane.

Un projet de géothermie critiqué

Des procédures plus rapides pour les énergies renouvelables

Le Conseil fédéral veut raccourcir les délais d'autorisation et de recours contre les nouvelles installations électriques.

Julien Furrer

https://pilot-prod-videos.s3.eu-west-1.amazonaws.com/fr/innocent-ultramarine-swallow_it_DEEPGRAM-WHISPER.vtt

Il peut s'écouler jusqu'à 20 ans entre le début de la planification d'une centrale éolienne, solaire ou hydroélectrique et sa mise en œuvre. Trop, selon le Conseil fédéral, qui a décidé de raccourcir les procédures. L'objectif est d'augmenter rapidement la production d'électricité à partir de sources renouvelables.

Le message adressé au Parlement est en ligne avec l'accélération que le Parlement a déjà imposée dans l'exploitation du vent. Pour les parcs éoliens et les centrales solaires d'importance nationale, ce sont les cantons et non les municipalités qui délivreront tous les permis de construire, d'agrandir et de rénover. La procédure ne sera donc pas divisée en plusieurs étapes, chacune pouvant faire l'objet d'un recours. Un plafond de 180 jours est fixé pour cette phase.

Les cantons seront également chargés de délimiter dans leurs plans directeurs respectifs les territoires appropriés pour ces installations, en tenant compte de la protection du paysage. Le processus de planification lié à la modernisation du réseau électrique sera également raccourci.

Enfin, les voies de recours seront également raccourcies. Au niveau cantonal, il n'en restera plus qu'un, celui du tribunal, en dernier ressort, qui aura 180 jours pour se prononcer. Seuls les organismes publics intéressés et les organisations environnementales actives dans toute la Suisse, telles que le WWF, Pro Natura et la Fondation pour la protection du paysage, pourront poser leur candidature. Ceux qui sont uniquement locaux seront exclus.

https://pilot-prod-videos.s3.eu-west-1.amazonaws.com/fr/depressed-coral-starfish_it_DEEPGRAM-WHISPER.vtt

Moins d'entraves pour le renouvelable

Le photovoltaïque au tribunal : l'exemple des Grisons

Un recours contre le projet "ScuolSolar" a été déposé auprès du tribunal administratif des Grisons. C'est ce que rapporte l'agence de presse "Fundazione Medias Rumantschas FMR". Plus précisément, les plaignants critiquent le processus de communication relatif à la centrale photovoltaïque du domaine skiable de Motta Naluns, à Scuol, en Basse-Engadine. Ils auraient souhaité pouvoir réfléchir à la question et ne pas avoir à prendre une décision inattendue lors de l'assemblée communale du 21 août 2023

Comme l'a expliqué Jürg Arquint, l'un des plaignants, à FMR, ils critiquent l'ensemble du projet. Selon eux, il n'est pas nécessaire de détruire la nature sur une si grande surface. La compensation pour la commune de Scuol de 0,75 centimes par kWh n'est pas bonne non plus. La municipalité de Scuol doit maintenant faire part de ses commentaires avant le 20 septembre. En attendant, elle ne veut rien dire aux médias.

Le 14 septembre, la commune devra décider si elle souhaite mettre le site à la disposition du projet. Malgré cet appel, le référendum aura également lieu le 24 septembre, a confirmé la municipalité de Scuol à FMR. Ils prendront la décision finale sur le projet, qui coûtera environ 100 millions de francs suisses et produira de l'électricité pour environ 20'000 ménages.

Toutefois, si le tribunal administratif donne raison aux plaignants, le vote pourrait être invalidé, selon Jürg Arquint.

La population a été informée lors d'une soirée d'orientation

L'objectif principal de cette centrale est de produire de l'électricité en hiver. Le projet présenté est une version maximale, qui prévoit l'installation d'environ 92'000 panneaux sur une surface de 160'000 mètres carrés.

La demande de permis de construire pour le projet photovoltaïque doit être déposée en octobre de cette année. La première phase du projet devrait être achevée à l'été 2025.

La municipalité de Scuol, EE-Energia Engiadina et Engadiner Kraftwerke AG ont développé conjointement le projet. Le projet consiste à fonder une société appelée ScuolSolar AG, qui sera gérée comme une entreprise d'électricité photovoltaïque. La municipalité et les deux entreprises devraient participer à hauteur d'un tiers chacune.

L'une des plus grandes centrales solaires de Suisse

Le projet prévu couvre environ 77 hectares, selon Scuol Solar. À l'automne, lorsque le projet a été présenté pour la première fois, il était question d'une taille maximale de 35 hectares. Le projet "ScuolSolar" vise à profiter de l'opportunité offerte par le cadre légal de l'Express Solaire lancé en 2022, initié par la Confédération suisse.

L'usine sera construite sur le versant du Piz Champatsch, près des téléphériques de Motta Naluns.

Le photovoltaïque au tribunal

La Suisse doit atteindre la neutralité climatique en 2050. Pour y arriver, il faut produire plus d'électricité. Mais les projets font face à des résistances.

Votre sélection