Primes, loyers, électricité, transports, alimentation: le coût de la vie explose en Suisse

Flambée des prix de l'électricité, envolée des primes maladie: les annonces du mois de septembre ont été particulièrement rudes pour les ménages suisses. Ces nouvelles interviennent dans un contexte général de hausse du coût de la vie. Tour d'horizon.

L'annonce du Conseil fédéral est tombée à la fin septembre: les primes maladie bondiront en moyenne de 8,7% l’an prochain en Suisse, soit 28,70 francs par mois. Il s’agit de la plus importante hausse depuis plus d’une décennie. Mais la situation varie d'une région à l'autre, comme le montrent notre infographie ci-dessous. Les hausses vont de +6,5% à Bâle-Ville et en Appenzell Rhodes-Intérieures à +10,5% au Tessin.

Les primes n'ont cessé d'augmenter depuis l'entrée en vigueur de la loi fédérale sur l'assurance maladie (LAMal) en 1996. En 1997, la prime moyenne s'élevait à 138 francs. L'année prochaine, elle atteindra près de 360 francs, soit 150% de plus.

Les Genevois paient les primes les plus élevées du pays: 454 francs par mois, toutes catégories d'âges confondues. Genève dépasse désormais Bâle-Ville de quelques francs. C'est en Appenzell Rhodes-Intérieures que la facture moyenne est la moins salée (246 francs). La plupart des cantons romands se situent dans le haut du classement. Seuls Fribourg et le Valais restent sous la moyenne suisse.

>> La hausse des primes touche particulièrement la Suisse romande. Réactions et témoignages:

Louer un appartement coûte toujours de plus en plus cher en Suisse. C’est ce que montre l’indice des loyers mis en place par la plateforme d’annonces immobilières Homegate. L'inflation, la hausse des taux hypothécaires ou encore l'impact de la guerre en Ukraine sur les charges font partie des explications. Souvent, la demande dépasse également l'offre de biens disponibles.

Les loyers – qui constituent le plus gros poste du budget des ménages suisses – ont atteint des sommets historiques au mois d’août, se hissant à des niveaux jamais vus depuis le début de l'indicateur en 2009. Par rapport au mois précédent, l’indice a augmenté de 0,3 point et se situe désormais à 122,7 points. En comparaison annuelle, les loyers ont crû de 3,9% en moyenne en Suisse.

La situation est critique dans plusieurs cantons, notamment Zurich, Genève et Vaud. Avec l'attractivité économique de la Suisse, le vieillissement de la population et l'augmentation des ménages d'une seule personne, la demande est toujours plus grande. Et ce n’est pas terminé: les loyers pourraient encore grimper de plus de 15% d’ici 2026, a mis en garde récemment le directeur de l'Office fédéral du logement Martin Tschirren.

>> Le taux de vacance des logements est en baisse en Suisse:

NOUVEAU BOND DES PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ

Après le bond de 2023 (+27%), les factures d'électricité vont encore s'alourdir en 2024. La Commission fédérale de l'électricité (ElCom) a annoncé début septembre une hausse moyenne des tarifs de 18% l'an prochain. Pour un ménage consommant 4500 kWh, cela représente 222 francs de plus que cette année.

Comme pour les primes et les loyers, les prix de l’électricité varient fortement d’une région à l’autre. A seulement 10 centimes le kWh, la commune valaisanne de Zwischbergen affiche toujours l'électricité la moins chère du pays. Son tarif est cinq fois moins élevé qu'à Braunau (TG), où un kWh s'achète un peu plus de 50 centimes.

>> Pourquoi le prix de l’électricité continue à augmenter?

Les primes, les loyers et l’électricité ne sont pas les seuls postes qui pèsent toujours plus sur le portemonnaie des ménages. L’indice des prix à la consommation, qui mesure le renchérissement de l'ensemble des biens et services de consommation en Suisse, a atteint un niveau record en août, avant de légèrement fléchir en septembre (-0,1%). En variation annuelle, en revanche, l'inflation est repartie à la hausse le mois dernier (+1,7% contre 1,6% en août).

Depuis décembre 2020, les prix ont bondi de plus de 6% en moyenne, relève l'Office fédéral de la statistique (OFS). Le coût des transports est celui qui a le plus augmenté: +13%. Avec une hausse des prix de 7,5%, le budget alimentaire des Suissesses et des Suisses a aussi pris l’ascenseur. Les équipements ménagers (+8,6%), les restaurants (+6,7%) et les loisirs (+6,1%) – à l’instar des services de streaming – ont eux aussi grimpé en flèche.

Dans ce contexte, on estime qu’une personne sur six en Suisse pourrait basculer dans la précarité. Ce phénomène se traduit déjà dans les épiceries solidaires de Caritas, qui voient leur chiffre d’affaires bondir dans toutes les régions du pays depuis la pandémie de Covid-19, et encore plus depuis le printemps 2022. Si rien ne change, la hausse du coût de la vie pourrait bien se transformer en crise sociale, craignent nombre d'observateurs.

>> "L'inflation, ça change quoi pour toi?"

Le coût de la vie augmente

Famille bernoise : "Nous payons autant d'assurance maladie que de loyer"

Ceux qui ne bénéficient pratiquement d'aucune réduction souffrent particulièrement des primes maladie de 2024. Par exemple, la famille Nobs de Berne.

Julien Furrer

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359 francs par personne. C'est la prime moyenne d'assurance maladie en 2024. 8,6% de plus que l'année dernière. Le président de la Confédération suisse, Alain Berset, explique cette augmentation considérable de la manière suivante : Les personnes âgées sont plus nombreuses, la médecine progresse, on achète plus de services et des médicaments de plus en plus chers.

L'augmentation des primes varie d'un canton à l'autre. La charge, qui repose principalement sur les épaules des personnes qui ne bénéficient pratiquement pas de réductions de primes, est lourde partout. C'est également le cas de la famille Nobs à Wengi dans le canton de Berne.

Il y a des insomnies et des tensions dans le couple. Il faut toujours parler d'argent.

Pour eux, dans le canton de Berne, les primes augmenteront de 8,3 % l'année prochaine. Bien que ce chiffre soit légèrement inférieur à la moyenne, la prime de 367 CHF est supérieure à la moyenne suisse. Le fardeau est très lourd, déclare Mirjam Nobs. Elle est mère au foyer et exerce des petits métiers annexes dans le domaine de la santé : "Il y a des insomnies et des tensions dans le couple lorsqu'il faut toujours parler de l'argent et de la situation financière".

Avec toutes les allocations familiales, les Nobs disposent d'environ 9'000 CHF par mois. Trop pour avoir des réductions de primes. En outre, la famille n'a pas pu payer une facture d'assurance maladie l'année dernière en raison d'un déficit financier et n'est donc pas autorisée à changer d'assureur au cours de l'année à venir.

D'autres coûts fixes rendent également la situation de la famille difficile, explique Mirjam Nobs. "Nous aimerions partir en vacances une fois par an, mais nous n'en avons pas les moyens. Pour nous, c'est du luxe". Ils n'ont pas d'autre choix que d'économiser.

C'est pourquoi la famille a déménagé à la campagne il y a quelques mois pour s'installer dans un appartement moins cher. Ils essaient également de compléter leurs revenus par de petits emplois secondaires. Par exemple, ils ont acheté des poules et vendent leurs œufs.

Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'intérieur Alain Berset a souligné que le système de santé en Suisse est bon et qu'il a donc aussi son prix. Toutefois, il a également admis que la situation était difficile, en particulier pour les personnes issues de la classe moyenne inférieure.

"L'augmentation des primes va de pair avec l'augmentation des loyers ou des prix de l'énergie. Cela rend la situation très difficile", a déclaré M. Berset. "Toutes les parties prenantes, y compris au niveau politique, doivent maintenant prendre leurs responsabilités, travailler ensemble et chercher des solutions et des réformes.

"Le fardeau est très lourd"

Nous consacrons plus d'un quart du revenu de notre ménage à l'assurance. "Surassurés", dit la protection des consommateurs - "un besoin des clients", rétorque le directeur général d'Helvetia. Une chose est claire : le gouvernement fédéral veut agir sur l'assurance-vie.

En moyenne, les Suisses dépensent plus de 1000 francs suisses par mois pour leur assurance. Seuls les habitants de Hong Kong et des États-Unis investissent davantage dans la protection contre les imprévus. Bien entendu, de nombreuses assurances sont obligatoires : en premier lieu les primes d'assurance-maladie, les cotisations sociales à l'AVS, à l'AI ou à la réglementation sur les revenus de remplacement. Ces coûts peuvent néanmoins être quelque peu optimisés grâce à la comparaison et à la renonciation à l'assurance. La liberté de choix est plus grande lorsqu'il s'agit d'une assurance habitation ou d'une assurance vie.

En Suisse, un ménage moyen consacre près de 25% à l'assurance. Trop, selon Sara Stalder, directrice générale de la Fondation pour la protection des consommateurs : "La population suisse est certainement le groupe de personnes le mieux assuré au monde, car elle a un grand besoin de sécurité." Mais certaines compagnies d'assurance en profitent, selon la défenseuse des consommateurs. "Les compagnies d'assurance savent qu'il y a une grande habitude à payer".

Sara Stadler ajoute toutefois que les risques assurés multiples, tels que les voyages ou le vol, constituent également un facteur de coût inutile. "Nous ne sommes pas surassurés", rétorque le directeur général d'Helvetia. Son argument : "Nos enquêtes montrent que la satisfaction des clients est très élevée", déclare Philipp Gmür, qui ajoute que les primes valent leur prix.

Le gouvernement fédéral veut agir sur l'assurance-vie

Les polices d'assurance-vie sont une épine dans le pied, estime Sara Stalder : "Les polices d'assurance qui comportent un volet assurance et un volet épargne sont chères, et vous ne pouvez pas les résilier sans perdre beaucoup d'argent". De plus, les rendements promis sont souvent irréalistes. C'est ce que confirme une enquête de l'autorité de surveillance financière FINMA.

Sur demande, l'autorité fédérale écrit : "La Finma a constaté que, dans le scénario "défavorable", les calculs des échantillons pour les polices d'assurance-vie étaient trop optimistes pour plus de 90% des quelque 80'000 contrats d'assurance examinés". Il est maintenant nécessaire de créer une base de décision transparente pour les clients, conclut l'autorité fédérale. En août, la Finma avait déjà annoncé un renforcement de la surveillance dans ce domaine."

Le CEO d'Helvetia : "Je ne comprends pas encore les critiques de la Finma".

"Nous avons pris note de la critique de la Finma", déclare Philipp Gmür du groupe Helvetia. "Nous concevons nos produits d'assurance-vie sur la base des exigences légales et des réglementations de la Finma. Elle nous supervise dans cette activité et reçoit de notre part toute la documentation nécessaire sur les produits", explique Philipp Gmür. Il ne comprend donc pas encore la critique de la Finma. "Mais nous sommes en train d'évaluer les critiques", a-t-il déclaré.

La Suisse est-elle surassurée?

Coût de la vie: bientôt la crise sociale?

Existe-t-il une réponse à la hausse des coûts de santé en Suisse ?

Les personnes vivant en Suisse devront avaler une pilule amère l'année prochaine: les primes d'assurance maladie augmenteront en moyenne de 8,7%. Depuis de nombreuses années, les coûts des soins de santé augmentent plus vite que l'inflation. Pourquoi en est-il ainsi ? Existe-t-il un moyen de sortir de ce cercle vicieux ?

La Suisse n'est pas la seule à souffrir de la pandémie de Covid-19 et à être confrontée à l'impact financier du vieillissement de la population.

Mais le système de santé suisse présente également des problèmes spécifiques qui ont donné du fil à retordre aux ministres de la santé qui se sont succédés.

Pourquoi cette forte augmentation en 2024 ?

Le bond de 8,7% de l'assurance maladie est particulièrement sévère, même si l'on se réfère à des normes récentes. Il s'agit du bond annuel le plus important depuis la hausse de 10,8% en 2010, malgré des prévisions générales d'inflation de seulement 2,2% cette année et l'année prochaine.

Les primes d'assurance maladie ne couvriront pas les 35 milliards de francs suisses de coûts de santé cette année, tout comme les revenus n'ont pas suffi à couvrir les dépenses l'année dernière. En outre, les mauvaises performances des marchés financiers ont creusé un trou dans les réserves des compagnies d'assurance maladie.

Le coût des médicaments a augmenté de 5,5% cette année, selon le ministère de la santé. Les factures des médecins et des hôpitaux pour les traitements ont également augmenté, en partie à cause d'une modification de la structure tarifaire pour les traitements hospitaliers en 2022 qui a retardé l'émission de nombreuses factures jusqu'à cette année.    

À cela s'ajoute une augmentation des traitements ambulatoires, tels que la physiothérapie et le soutien psychologique.

Le secteur de la santé et les pouvoirs publics peuvent-ils faire des économies ?

Le ministère de la santé affirme avoir "réduit les prix des médicaments de plus d'un milliard de francs suisses depuis 2012 et les tarifs des laboratoires de 10%", ainsi que d'autres économies.

Le ministre de la santé sortant, Alain Berset, a déploré que le Parlement ait bloqué ou édulcoré certaines de ses propositions d'économies les plus ambitieuses, telles que l'établissement d'une référence au prix des médicaments en Suisse par rapport à d'autres pays où ils coûtent moins cher. De puissants groupes de pression, tels que l'industrie pharmaceutique, sont soupçonnés d'avoir joué un rôle dans les réformes de la santé.

Il a également adressé un dernier mot aux patients : "Nous devons tous nous demander si une visite chez le médecin est vraiment nécessaire et si nous pouvons nous adresser d'abord à notre médecin de famille au lieu de consulter immédiatement un spécialiste onéreux".

Il existe une série d'autres suggestions de réduction des coûts émanant d'autres sources que le ministre de la santé.

Par exemple, Stefan Meierhans, le surveillant des prix à la consommation, estime que l'assurance maladie suisse devrait rembourser les personnes qui achètent des médicaments moins chers à l'étranger.

Martin Landolt, président de l'association des assureurs maladie SantéSuisse, a déclaré au journal Tages-Anzeiger qu'il y a trop de traitements inefficaces dans le secteur de la santé.

C'est un thème récurrent dans les médias et au Parlement, de même que les plaintes concernant le fait que certains médecins sont trop payés.  

Les politiciens, les hôpitaux et les assureurs expriment leurs inquiétudes quant à l'inefficacité et au gaspillage d'argent, bien qu'ils ne soient pas tous d'accord sur la manière de résoudre ces problèmes.

Dans le journal Blick, Anne-Geneviève Bütikor, directrice du groupe hospitalier H+, parle d'une poignée d'hôpitaux qui doivent fermer par manque de financement. "S'il n'y a pas de plans globaux pour adapter le système à moyen terme, d'autres suivront", a-t-elle averti.

Selon Thomas Boyer, directeur du Groupe Mutuel, une partie du problème réside dans le fait que les cantons gèrent et contrôlent les hôpitaux publics.

"Ils sont dans une position qui ressemble à un conflit d'intérêts : ils sont propriétaires d'hôpitaux et ont donc tout intérêt à assurer leur rentabilité. En même temps, ils définissent le taux de remboursement des factures émises pour les patients", a-t-il déclaré à la RTS au début de l'année.

Le président de SantéSuisse, M. Landolt, propose que le gouvernement fédéral gère le système hospitalier, plutôt que les cantons.

La question est brûlante pendant l'année des élections générales, les différents partis présentant des projets de réforme du système de soins de santé et de réduction des coûts d'assurance.

Mais le ministre de la santé, M. Berset, est catégorique : le "très bon système de santé" n'a pas besoin d'une révision radicale. "À l'exception de 1848 (année de réformes politiques radicales en Suisse), je n'ai jamais été partisan des révolutions", a-t-il déclaré. "Il n'y en a pas besoin aujourd'hui.

Comment le système de santé suisse se situe-t-il par rapport aux autres pays ?

La Suisse est le pays où les soins de santé sont les plus chers parmi les 38 États membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon les derniers chiffres comparatifs publiés dans l'étude comparative "Panorama de la santé 2021".

"En moyenne, le même panier de biens et de services [de santé] coûterait 72% de plus que la moyenne de l'OCDE en Suisse", indique le rapport. Le fonctionnement d'un hôpital en Suisse est plus de deux fois plus coûteux que la moyenne des pays de l'OCDE.

Le rapport note également que la Suisse est le troisième pays de l'OCDE à consacrer la plus grande part de son PIB à la santé (11,3%), derrière les États-Unis et l'Allemagne (8,8% en moyenne dans l'OCDE).

La population suisse est plus que satisfaite de la "disponibilité de soins de santé de qualité là où elle vit" par rapport à la majorité des pays de l'OCDE. Quelque 91% des Suisses interrogés sont satisfaits, alors que la moyenne de l'OCDE est de 71%.

Le site suisse de comparaison de prix Moneyland.ch apporte toutefois un bémol à cette satisfaction dans sa propre enquête publiée en juillet 2023. Sur une échelle de 1 à 10, les 1538 personnes interrogées ont attribué aux assureurs maladie une note générale de 7,9, qui tombe à 7,4 lorsqu'il s'agit d'évaluer le rapport qualité-prix.

Les coûts des soins de santé figurent souvent parmi les principaux problèmes signalés chaque année par les Suisses dans le cadre de plusieurs enquêtes "Baromètres des préoccupations" menées par les médias.

Les primes d'assurance maladie continueront-elles à dépasser l'inflation ?

C'est l'une des questions auxquelles il est le plus difficile de répondre avec précision, mais étant donné le large éventail de problèmes signalés par les professionnels au sein du système de santé, cela reste une possibilité.

"Nous devons faire face aux problèmes liés à l'augmentation des coûts des soins de santé. Il y a urgence", déclarait Thomas Boyer, du Groupe Mutuel, à la RTS cet été.

Cependant, l'Association des médecins suisses FMH insiste sur le fait que les coûts globaux de la santé n'ont augmenté que de 2,6% par an au cours des 15 dernières années. Les primes d'assurance maladie ont augmenté beaucoup plus rapidement parce que le modèle d'assurance maladie "archaïque" n'est plus adapté aux coûts et à l'évolution des traitements, qui permettent davantage de traitements ambulatoires, selon la FMH.

La FMH a entamé des discussions avec le ministère de la santé et les assureurs maladie afin d'élaborer un nouveau modèle de financement des soins de santé et un nouveau système de régulation de la facturation par les hôpitaux et les médecins. Selon la FMH, cela permettrait de mieux aligner les coûts des soins de santé sur le financement, ce qui atténuerait l'impact de la hausse des primes d'assurance.

Mais les plans de réforme, en cours depuis 14 ans, n'ont pas encore porté leurs fruits.    

Hausse des prix de la santé

Entre pénurie de logements et hausse des loyers, les étudiants peinent à se loger

Les étudiants et les étudiantes de Suisse romande font leur rentrée à l'université et dans les Hautes écoles. Mais entre pénurie de logements et hausse des loyers, pour bon nombre d'entre eux, se loger reste un véritable parcours du combattant.

Cette année encore, trouver un domicile est un vrai casse-tête pour celles et ceux qui poursuivent leur formation loin de chez eux.

"On a toujours des étudiants qui arrivent chez nous en mode panique, en disant qu'ils n'ont pas de solution de logement", explique Cédric Rychen, directeur du Service des affaires sociales de l’Université de Lausanne, dans La Matinale de la RTS.

Les logements disponibles se font rares et les loyers sont souvent bien trop chers pour des budgets étudiants qui dépassent rarement les 600 à 800 francs.

"C'est vrai que ça rajoute une difficulté supplémentaire d'avoir des logements avec des loyers de plus en plus élevés", estime Cédric Rychen.

La hausse des taux a en effet entraîné une hausse des loyers et il n'est aujourd'hui pas rare "de voir des logements ou même des chambres chez l'habitant à 900 francs", observe Cédric Rychen. "Ce que, il y a quelques années, on ne voyait pas du tout", ajoute-t-il.

>> Voir aussi le sujet du 19h30 sur les étudiants en situation de précarité:

Trouver une chambre, même chez l’habitant, s’avérant trop coûteux pour de nombreux étudiants, beaucoup décident de faire les trajets.

Cédric Rychen constate ce phénomène année après année. Les étudiants de l'Université de Lausanne venant des cantons romands voisins sont de plus en plus nombreux à penduler. "Faute de trouver un logement dans la région, ils doivent penduler", affirme-t-il.

Selon lui, cette solution présente toutefois d'autres désavantages. "S'ils pendulent depuis la maison, chez les parents, ils économisent sur le logement, mais par contre c'est des frais de transport en plus", explique Cédric Rychen.

"Et c'est beaucoup de fatigue en plus pour des étudiants dont le programme de cours est parfois extrêmement chargé", poursuit-il.

Le canton de Vaud a construit il y a trois ans près de mille logements étudiants, mais il en manque encore entre 300 et 400 pour cette rentrée.

Fribourg et Neuchâtel s’en sortent un peu mieux. C’est surtout à Genève et à Lausanne que les biens sont rares et les loyers inabordables.

Manque de logements pour les étudiants

L'augmentation du coût de la vie expose les ménages suisses au risque de pauvreté

La pauvreté est de plus en plus visible dans la riche Suisse. Les témoignages de familles qui peinent à joindre les deux bouts s'accumulent à l'heure où les hausses de prix se généralisent. Les chiffres officiels ne rendent cependant pas compte de la gravité de la situation, selon les directeurs de deux organisations qui suivent la situation des familles vivant dans des conditions précaires.

"Les données nécessaires à l'évaluation de la pauvreté et de la précarité en Suisse sont très lacunaires", déclare Emilie Rosenstein, directrice de l'Observatoire des précarités de la Haute école de travail social et de la santé (HETSL) de Lausanne, qui s'intéresse aux personnes en difficulté financière. "Les statistiques actuelles ne nous donnent qu'un aperçu de la pauvreté. Elles ne nous disent pas quelles sont les personnes qui sont systématiquement en situation de précarité."

Elle salue la mise en place par le gouvernement d'un monitoring national de la pauvreté, notant qu'il pourrait fournir une image plus nuancée de la pauvreté en Suisse.

Selon les chiffres officiels, 8,7% de la population suisse - soit environ 750'000 personnes - se situent en dessous du seuil de pauvreté. La pandémie de Covid-19 n'a guère modifié les chiffres, avec une part de pauvreté de 8,5% en 2020 et de 8,7% en 2019. L'Office fédéral de la statistique s'enorgueillit de constater dans un communiqué de presse que la Suisse "bénéficie d'un niveau de vie plus élevé que la majorité des pays de l'Union européenne".

L'évaluation d'Emilie Rosenstein est moins positive. "Nous pouvons nous réjouir que les chiffres de la pauvreté n'aient pas explosé depuis la pandémie. Il y a cependant une lente augmentation qui ne se reflète pas encore dans les statistiques", prévient-elle.  Les données ne rendent pas compte de l'écart croissant entre les ménages à faibles et à hauts revenus, un phénomène qu'elle considère comme problématique à long terme.

Le premier Baromètre suisse des familles publié en avril 2023 par Pro Familia et Pax, une compagnie d'assurance vie ciblant les familles, révèle une réalité moins reluisante. L'enquête montre que 41% des familles suisses ont tout juste de quoi subvenir à leurs besoins et que 28% n'ont plus rien à épargner à la fin du mois. Plus de la moitié d'entre elles ont également admis avoir déjà renoncé à un traitement médical ou thérapeutique pour des raisons de coût. "La hausse des prix des produits de première nécessité affecte particulièrement les familles à faibles revenus, qui se retrouvent dans une situation précaire", déclare Philippe Gnaegi, directeur de Pro Familia.

Cette tendance se reflète également dans l'évolution des salaires réels suisses, qui ont baissé de près de 2% entre 2021 et 2022, selon l'Office fédéral de la statistique. Si les salaires nominaux ont légèrement augmenté, l'inflation a érodé le pouvoir d'achat des salariés. Une fois de plus, ces chiffres ne donnent pas toute la mesure des difficultés rencontrées par les ménages, selon Philippe Gnaegi, car ils ne tiennent pas compte de l'augmentation constante des coûts de l'assurance maladie.

L'inflation est certainement moins importante en Suisse que dans d'autres pays européens, comme l'Allemagne (7,9%) ou le Royaume-Uni (plus de 10%). "Nous sommes peut-être moins à plaindre que d'autres, mais nous devons être prudents lorsqu'il s'agit de faire des comparaisons", déclare Emilie Rosenstein. Elle nous rappelle que lorsque les revenus disponibles commencent à baisser, ce sont surtout les personnes aux revenus les plus faibles qui en subissent les conséquences.

La directrice de l'Observatoire des précarités estime que l'Etat doit non seulement aider les plus démunis, mais aussi agir de manière préventive pour aider les classes moyennes inférieures qui peinent à joindre les deux bouts, avant que celles-ci ne basculent dans la pauvreté.

"La politique familiale est le parent pauvre de notre système social", explique Philippe Gnaegi. Le directeur de Pro Familia recommande d'étendre les prestations complémentaires pour les familles, qui existent déjà dans quatre cantons. Il s'agit d'une forme d'aide financière destinée aux familles qui travaillent et qui ne sont pas en mesure de couvrir les besoins de base de leur ménage, y compris les frais de maladie.

Des mesures doivent également être prises pour faciliter la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle, selon Philippe Gnaegi. Il souligne qu'en Suisse, six femmes sur dix travaillent à temps partiel, un taux presque sans précédent en Europe. "Nous devons créer davantage de structures d'accueil pour les enfants, maintenir leurs coûts à un niveau bas et garantir la qualité des soins", déclare le directeur de Pro Familia. Il estime donc que le projet de loi sur la garde d'enfants approuvé par le Conseil national en mars 2023 est un pas dans la bonne direction. Celui-ci prévoit l'octroi d'une aide pour chaque enfant pris en charge par un tiers, de la naissance à la fin de l'école primaire.

"Il y a deux choses qui pèsent lourd dans le budget des ménages: le loyer et l'assurance maladie. Ce sont là les principales causes d'endettement", explique Emilie Rosenstein, qui note que près d'un tiers des coûts de santé sont désormais supportés par les individus eux-mêmes. "Cette situation est problématique, car le taux est presque deux fois plus élevé que la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et il continuera d'augmenter.

Philippe Gnaegi préconise de limiter les primes d'assurance maladie à 10% du revenu des ménages. Un tel système est déjà en place dans le canton de Vaud. Le Parti socialiste a déposé une initiative visant à étendre ce système à l'échelle nationale. Pour l'instant, ni le gouvernement ni le Parlement ne sont convaincus par l'initiative et souhaitent présenter un contre-projet.

Stefan Meierhans, le surveillant des prix de la Confédération, connu par beaucoup sous le nom de "Monsieur Prix", affirme que la Suisse pourrait faire davantage pour exploiter le pouvoir de la concurrence. "Il faut faire jouer la concurrence", dit-il. "Il y a trop peu de mouvement de la part des consommateurs."

Emilie Rosenstein n'est pas d'accord: "Jouer avec la concurrence peut aider certaines personnes, mais cela ne soulagera pas celles qui sont confrontées à des difficultés majeures."

Selon elle, la solution consiste à s'attaquer au problème des personnes qui ne demandent pas les prestations sociales auxquelles elles ont droit. De nombreuses personnes qui auraient droit à des prestations complémentaires au titre de l'VS/AI ne les demandent pas, généralement parce qu'elles ne connaissent pas le système. "Nous devons orienter ces personnes vers les solutions existantes", déclare Emilie Rosenstein.

À l'âge de la retraite, de plus en plus de Suisses choisissent de s'installer à l'étranger. Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent environ 10% de l'ensemble des émigrants. Bien que les raisons de leur émigration ne soient pas bien connues, nombre d'entre eux le font pour des raisons financières.

"Avec notre système de pension, qui repose largement sur la prévoyance individuelle, certaines personnes se retrouvent dans des situations difficiles, même après avoir travaillé toute leur vie", note-t-elle. Pour eux, partir à l'étranger peut être un moyen de préserver leur dignité et d'éviter de devoir demander de l'aide.

La pauvreté toujours plus visible

De combien augmentera le prix de l'électricité dans votre commune en 2024

Les factures d'électricité augmenteront en moyenne de 18% l'an prochain. Ces hausses varient fortement d'une région à l'autre. Découvrez sur nos cartes le tarif de votre commune.

Après le bond de cette année (+27%), les factures d'électricité vont encore s'alourdir en 2024. La Commission fédérale de l'électricité (ElCom) a annoncé mardi une hausse moyenne des tarifs de 18% l'an prochain. Pour un ménage consommant 4500 kWh, cela représente 222 francs de plus que cette année.

Ces hausses varient sensiblement d'un distributeur à l'autre, comme le montre notre carte ci-dessous.

>> Cliquez sur les communes pour afficher davantage d'informations:

En Suisse romande, les envolées les plus marquées se situent dans le canton de Fribourg. Les tarifs du Groupe E y grimpent d'environ 28% dans de nombreuses communes. A Estavayer-le-Lac, la facture grossira même de 33%, toujours pour un ménage consommant 4500 kWh.

Une grande partie du canton de Neuchâtel voit aussi ses tarifs augmenter de plus de 25%. Genève se situe lui dans la moyenne suisse.

Après avoir subi les plus fortes augmentations en 2023, le Valais et le canton de Vaud resteront relativement épargnés, hormis quelques exceptions. La hausse sera en général de moins de 15%, et parfois même sous les 5%.

A seulement 10 centimes le kWh, la commune valaisanne de Zwischbergen affiche toujours l'électricité la moins chère du pays. Son tarif est cinq fois moins élevé qu'à Braunau (TG), où un kWh s'achète un peu plus de 50 centimes.

Hausse des prix de l'électricité

Des hausses de salaire allant jusqu'à 4,5% sont "nécessaires", selon Travail.Suisse

Telle est la demande de Travail.Suisse pour faire face à la hausse constante des prix - Le syndicat en est convaincu: les entreprises peuvent se le permettre.

Des augmentations de salaire généralisées allant jusqu'à 4,5%: c'est la revendication de Travail.Suisse. Le syndicat souligne que "les salaires réels des travailleurs baisseront cette année pour la troisième fois consécutive". C'est "la première fois que cela se produit dans la période d'après-guerre", déclare-t-il dans un communiqué publié en août 2023.

En raison de la poursuite de l'augmentation des coûts en 2023, Travail.Suisse relève que les salaires réels seront inférieurs au niveau de 2015. "Les entreprises ont une marge de manœuvre pour augmenter les salaires, étant donné la croissance continue de la productivité et des bénéfices, qui ont maintenant dépassé le niveau d'avant la crise du Covid-19."

L'organisation syndicale met également l'accent sur le coût de la vie qui continue d'augmenter en raison de "la hausse des loyers, des primes d'assurance maladie et de la nourriture de plus en plus chère". Avec les coûts de l'énergie, ces facteurs "érodent le pouvoir d'achat des travailleurs".

Inflation et hausse des coûts: que faire?

Didier Kottelat

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SEIDISERA du 10.08.2023 : L'inflation ralentit en Italie, mais les dépenses effectuées de l'autre côté de la frontière sont un peu moins chères.

Revendications de Travail Suisse

Répondez à nos questions

Les usagers des transports publics paient trop pour leurs billets, dénonce Monsieur Prix

Les usagers des transports publics paient trop pour leurs billets, comme l'a dénoncé le surveillant des prix fi août. Stefan Meierhans pointe notamment du doigt le trafic régional.

Le Surveillant des prix Stefan Meierhans s'est inquiété de la hausse des tarifs des transports publics en Suisse. Et ce, alors que leurs coûts doivent rester appropriés pour les usagers, comme le stipule la Constitution fédérale depuis 2016.

Mais personne n'a véritablement défini la ligne rouge à ne pas franchir. Le terme "approprié" reste donc une notion plutôt floue. Des tarifs "appropriés" signifieraient vraisemblablement des tarifs simplifiés. Or, selon Monsieur Prix, il n'en est rien. En sa qualité de régulateur des prix, il lui revient donc d’apprécier ce qui doit être considéré comme "approprié".

Pour Monsieur Prix, ce sont surtout les usagers des lignes de transport régional qui trinquent. Dans son communiqué, il écrit que les voyageurs empruntant ces lignes "dépensent de plus en plus pour les places qu’ils occupent mais aussi pour celles restées vides."

Il plaide pour une répartition des charges égale entre les collectivités publiques et les utilisateurs des transports en commun.

"La participation des usagers et usagères doit être adéquate. Partant de ce principe justement, il faut le concrétiser. Pour le moment, une part équitable, soit 50% de la part des commanditaires, et de l'autre côté 50% par les usagers", explique-t-il au micro de La Matinale.

>> Ecouter l'interview de Stefan Meierhans dans La Matinale

Depuis la pandémie, les transports publics se sont vidés, les caisses aussi. D'où l'annonce des augmentations de tarifs, après celles annoncées au printemps dernier. Monsieur Prix veut donc éviter toute démesure, annonçant que les prix des billets ne dépasseront plus les 50% de l'ensemble des coûts.

Il faut dire aussi que si les CFF continuent de gagner de l'argent sur les grandes lignes, tout le trafic régional reste par contre déficitaire. Les billets achetés dans les bus ne couvrent que de 10 à 40% des coûts. Pour le reste, ce sont les collectivités publiques qui mettent la main au porte-monnaie.

Payer les transports publics via les impôts, ou les payer à chaque utilisation, ne change rien en fin de compte. C'est à chaque fois le citoyen qui passe à la caisse. Mais c'est le ressenti qui est différent. Quand les CFF augmentent leurs prix, ça renforce notre perception que les transports publics sont chers.

Dans l'optique de changer le regard et les habitudes des usagers face aux transports publics, l'Allemagne, l'Espagne ou encore l'Autriche ont d'ailleurs fait le pari inverse en tranchant dans leurs tarifs.

Les transports publics sont trop chers

La privation sociale et matérielle, une réalité pour 5% de la population suisse

Renoncer à aller au restaurant, à faire réparer sa voiture ou à des soins car son budget ne le permet pas: c'est ce qu'on appelle la privation matérielle et sociale. Un phénomène qui concernait plus de 5% de la population suisse en 2021, selon l'OFS.

D'après ce nouvel indicateur calculé par l'Office fédéral de la statistique (OFS), environ une personne sur vingt doit renoncer à des biens, des services ou des activités sociales faute d'argent. Ce taux reste cependant bien inférieur à la moyenne européenne, qui atteint 11,9%. En outre, le niveau de vie général - estimé à partir du revenu médian disponible - demeure plus élevé que chez nos voisins.

Il s'agit là d'un nouvel indicateur, car jusqu'à maintenant, on ne prenait en compte que la privation matérielle dans sa forme la plus répandue, c'est-à-dire le fait de ne pas pouvoir faire face à une dépense inattendue de 2500 francs dans un délai d'un mois. Celle-ci concerne près de 20% de la population suisse.

Le rapport de l'OFS soulève plusieurs statistiques concernant la précarité en Suisse. En 2021, le taux de pauvreté était de 8,7% (+0,2% sur un an). Cela représente 745'000 personnes qui vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté*, principalement des personnes de nationalités étrangères, en situation monoparentale, sans formation postobligatoire ou sans emploi.

Néanmoins, quelque 157'000 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté alors même qu'elles travaillaient.

On y apprend par ailleurs que 8% de la population renonce à des loisirs réguliers payants, tandis qu'une part légèrement plus grande ne peut pas s'offrir une semaine de vacances par année. Enfin, 3% des Suissesses et des Suisses ne peuvent pas se permettre de manger ou boire un verre avec la famille ou des amis au moins une fois par mois.

Ces chiffres font notamment réagir Caritas, qui s'inquiète de voir la pauvreté augmenter en Suisse "significativement et de manière continue depuis 2014", écrit l'oeuvre d'entraide dans un communiqué diffusé mardi.

Papier radio: Cléa Favre Texte web: jop avec ats

*Les normes de la Conférence suisse des institutions sociales (CSIS) situent le seuil de pauvreté à 2289 francs par mois de revenu disponible pour une personne seule et à 3989 francs par mois pour deux adultes et deux enfants.

La privation matérielle est une réalité

Les annonces du mois de septembre ont été particulièrement rudes pour les ménages suisses. Et ce, dans un contexte général de hausse du coût de la vie.

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